Spectacles reconnus aux tournées Art et Vie – Il nous reste beaucoup à gagner

Il nous reste beaucoup à gagner

Corinne et son compagnon travaillent dans la même usine.
Un jour, il s’y pend. Qu’est-ce qu’on fait, face à une telle tragédie ?
Corinne d’abord, dont la vie était un long fleuve tranquille jusque-là.

J’ai fait un rêve les gars. J’étais à poil devant la grille de l’usine. J’enfilais un pyjama rayé, on me tatouait un chiffre sur l’avantbras. On me donnait une gamelle en mauvais métal remplie d’une soupe imbuvable et on m’aboyait dessus.

Et les autres travailleurs ?
Travailleur 1 .— (…) Putain combien de morts il faudra avant que nous comprenions?
Travailleur 2 .— Bon ça va! On sait que ça dépend de nous de changer la face des choses. Mais comment?
Travailleur 1 .— Rompre. Rompre avec le système.
Travailleur 2 .— Tu seras un paria.
Travailleur 1 .— C’est peut-être mieux qu’un cadavre.

Et le délégué syndical ?
Le délégué .— Corinne, je comprends que tu sois bouleversée. Je le suis autant que toi. Mais soyons réalistes.

Et la famille ?
Le père .— Qu’est-ce qui ne va pas Corinne? Tu es nerveuse?
Corinne .— Rien n’a changé. Un mort ne leur a pas suffi.
La mère .— Qu’est-ce qui te prend? Que veux-tu changer?
Le père .— Sais-tu Corinne, qu’on travaillait parfois 56 heures/semaine? Est-ce qu’on en mourait pour autant?

Et les patrons ?
Le directeur .— Affaire privée, affaire classée. Nous ferons un geste : nous prendrons en charge les obsèques et nous accorderons à Corinne, 6 jours de carence en lieu et place des 3 qu’elle pouvait légitimement revendiquer.

Et la puissance publique ?
L’homme politique .— Il y a eu un pendu dans leur usine? C’est un malheur, bien sûr. Mais est-ce que c’est moi qui ai fourni la corde? Non. Bêêê, alors qu’est-ce qu’on pourrait me reprocher?

Le spectacle s’inspire de la campagne syndicale et internationale «Travail décent, salaire décent. Les ouvriers ne sont pas des outils». Mais comment définir la décence en matière de travail ?