Non Grata – création autonome

à partir de 14 ans

Une création collective en coproduction de la Compagnie du Campus et du Théâtre des Rues.
Interprétation :
Laura Bejarano Medina
Carole Schils
Mise en scène : 
Patou Macaux
Travail chorégraphique : 
Hélène Perrot
Création son et lumière : 
Olivier Duriaux
Benoît Joveneau
Musique : 
Vacarme
Illustration : 
Olivier Duriaux
Avec le soutien de la Fédération Wallonie Bruxelles, de Alter Egales, de la Fondation Roi Baudouin, de Toboggan ASBL et du Délégué général aux droits de l'enfant
Texte disponible aux Editions du Cerisier

En progression un peu partout dans le monde, les mouvements populistes de droite et les discours conservateurs et sexistes ne reconnaissent pas ou remettent encore et toujours en cause  le droit des femmes à disposer de leur corps.

Inspirés de témoignages et de rencontres, le spectacle Non Grata est le fruit d’une collaboration entre deux compagnies de théâtre-action, le Théâtre des Rues et la Compagnie du Campus.

À partir de l’annonce d’une grossesse dite « précoce » qui vient bouleverser le quotidien et les certitudes de deux sœurs,  le spectacle questionne la pression sociale qui pèse sur les femmes en matière de contraception, d'avortement et de choix de maternité.

LE PROJET

 A partir de témoignages de jeunes filles et de femmes vivant en Hainaut (majoritairement), d’âges et de cultures diverses,  la Compagnie du Campus et le Théâtre des Rues ont souhaité réaliser un spectacle théâtral sur la thématique des grossesses précoces, en y intégrant la dimension de genre.

Ce spectacle s’articule autour d’un conflit entre Camille (24 ans) et sa sœur Sara (15 ans) qui lui annonce une grossesse imprévue. Il sera destiné  prioritairement à un public adolescent.

Partir d’une situation de grossesse précoce nous permet d’aborder le droit à disposer de son corps, mais également de dénoncer la discrimination, la charge physique, mentale ainsi que la pression sociale qui pèsent sur les femmes à tout âge en matière de contraception et de choix de maternité.

CONTEXTE

Le 3 avril 1990, le parlement belge vote la loi sur la dépénalisation partielle de l’avortement ; il reconnait ainsi explicitement le droit des femmes à disposer de leur corps. Et pourtant aujourd’hui, un peu partout en Europe, la progression des mouvements populistes de droite et leurs discours conservateurs et sexistes ont clairement volonté de remettre  en cause  les droits acquis : le droit de disposer de son corps, de choisir sa contraception,  de décider d’être mère ou non. Ces mêmes conservatismes et fondamentalismes, qu’ils soient laïcs ou religieux, sous prétexte de saturation du marché du travail et de mission éducative, n’hésitent pas à renvoyer les femmes à la maison et aux enfants, les assignant à la maternité.

Depuis les années 70, notre pratique du théâtre-action avec des femmes en situation de fragilité affective, sociale, économique nous fait réitérer le constat : l’éducation à la sexualité et l’accès à la contraception ne sont pas gagnés, tant pour des raisons d’information que pour des raisons financières,  psychologiques et culturelles.

Aujourd’hui, le Hainaut est la province qui compte le plus de grossesses à l’adolescence. Quand la grossesse n’est pas désirée, la jeune fille peut décider d’avoir recours à l’avortement, parfois alors confrontée à diverses formes de violences et de culpabilisation. Quand ces jeunes filles mènent leur grossesse à terme, elles ne sont pas toujours comprises, sont parfois même rejetées par leurs proches et leur scolarité est souvent perturbée. Elles passent brutalement de l’adolescence vers l’âge adulte et ses responsabilités, dans une société qui peine à mettre en place des solutions de soutien et d’accompagnent.

OBJECTIFS ET ACTIONS DU PROJET

Par la représentation théâtrale, nous souhaitons mettre en lumière des vécus de femmes qui sont généralement dans l’ombre, valoriser leur vécu comme expérience auprès d’autres, donner forme à leur expression singulière. Sortir des chiffres et des graphiques, laisser place à des paroles sensibles pour un combat politique à mener collectivement : celui du droit des femmes à disposer de leur corps.

Après la représentation et par la rencontre-animation, en partenariat avec des associations qui sont acteur∙rice∙s de terrain (plannings familiaux, maisons d’accueil), nous souhaitons poursuivre la réflexion avec le public dans un objectif de sensibilisation et de prévention, ainsi qu’être relai d’information. Notre intention est de questionner et d’analyser les facteurs psychologiques, socio-économiques et comportementaux qui favorisent les grossesses adolescentes et d’analyser les mécanismes sociaux, économiques, affectifs, religieux et culturels qui pèsent sur le libre choix, pour une jeune fille, de garder un enfant ou pas.

Un dossier pédagogique accompagne le spectacle et sera proposé aux professeur∙e∙s.

Nous attendons avec ce projet donner (ou renforcer) des outils d’analyse aux adolescent∙e∙s, ainsi que des informations pratiques et concrètes.

Même si nous pensons que le spectacle pourra résonner davantage auprès d’un public scolaire ou de jeunes adultes,  il est évident qu’il est accessible à tout public car nous sommes tou∙te∙s concerné∙e∙s par l’affirmation du droit fondamental des femmes à pouvoir disposer de leur corps. De même, une grossesse, qu’elle soit poursuivie ou interrompue, peut avoir un impact stigmatisant sur l’environnement social des filles et des femmes concernées. La place et le rôle du garçon/de l’homme seront également questionnés.

MÉTHODOLOGIE

En collaboration avec des personnes ressources de plannings familiaux et de foyers d’accueil, nous avons rencontré des médecins, des acteur∙rice∙s de terrain et des femmes « témoins du vécu », ayant été confrontées personnellement, ou dans leur environnement proche, à la question de la grossesse (précoce), désirée ou non. Des femmes qui souhaitent témoigner et dont nous accueillerons le récit, oralement ou par écrit, de manière anonyme ou non. Ce matériau servira à la création de nos personnages et à l’évolution du conflit, dans la situation théâtrale.